Le film a tenu la promesse de l'affiche: «Kérékou II, le retour»
s'est achevé hier soir, au lendemain du second tour de la présidentielle, par l'élection de l'ancien dictateur militaro-marxiste. Selon des résultats officieux cités par la radio nationale, le général Mathieu Kérékou l'aurait emporté sur le président sortant, Nicéphore Soglo, avec 59% des voix. Une victoire sans appel, même s'il revient à la Cour constitutionnelle de proclamer les résultats officiels. Le «grand camarade de lutte» qui, de 1972 à 1991, avait présidé aux destinées du Bénin a fait le plein des voix dans le Nord, dont il est originaire, mais aussi dans les provinces du Sud-Ouest et du Sud-Est, où des candidats au premier tour se sont abstenus en sa faveur. Brouillant des idées simplistes sur le vote «ethnique», le bon report des voix y a été décisif.
L'élection de Mathieu Kérékou constitue-t-elle une défaite pour la démocratie en Afrique? Sûrement pas, à en juger la régularité du scrutin, sur laquelle la Cour constitutionnelle béninoise a veillé avec une indépendance farouche. Certainement pas, non plus, parce que l'autocrate d'hier évincerait, en la personne de Nicéphore Soglo, un parfait démocrate. Après tout, c'est le camp du président sortant qui a dénoncé un «complot international» et proféré des menaces de mort contre Elisabeth Poignon, la présidente de la Cour constitutionnelle. Celle-ci, comme d'autres institutions démocratiques prévues en 1990 par la Conférence nationale, telle la Haute Autor