Nairobi, envoyé spécial
Il a appris aux combattants tutsis de la diaspora à quoi ressemblait, réellement, le pays d'où furent chassés leurs parents. Il a rédigé le programme politique du Front patriotique rwandais (FPR), qui a pris le pouvoir à Kigali en juillet 1994, au lendemain du génocide. C'est alors que le porteur de valise et agent de liaison avec l'opposition interne à l'ancien régime est entré comme ministre de l'Intérieur au nouveau gouvernement d'union nationale. Un an plus tard, en août 1995, Seth Sendashonga a été limogé et frappé d'ostracisme par ses camarades du FPR. Exilé au Kenya, sur le point de rassembler un parti d'opposition, il vient d'échapper à un attentat commandité par le nouveau régime. L'épaule traversée d'une balle, il s'avoue n'avoir été qu'un «Hutu de service» pour le FPR ou, comme disait Lénine de l'allié libéral, un «idiot utile».
C'est en 1991 que Seth Sendashonga adhère au FPR, alors une guérilla laminée, quelques centaines d'hommes grelottant à plus de 4.000 mètres d'altitude, dans les volcans de la Virunga. Ancien leader estudiantin, expulsé de l'université nationale sur ordre du général-président Habyarimana, qui ne pouvait admettre qu'un blanc-bec remît en question sa «politique d'équilibre ethnique et régionale», Seth Sendashonga avait quitté le pays pour achever ses études en Belgique. Economiste diplômé, il s'était déjà installé comme réfugié politique à Nairobi, travaillant notamment pour un organisme spécialisé des Nations unie