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Libération
Reportage

L'archipel fantôme des Matsu. Sur ces îles taïwanaises proches des côtes chinoises, les civils sont partis. Restent quelque 10.000 soldats, étonnamment tranquilles.

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publié le 22 mars 1996 à 2h02

Iles Matsu, envoyée spéciale

«Si j'ai un conseil à vous donner, repartez immédiatement. Cela fait deux jours que tous ces gens attendent un avion. Cet endroit rend fou, véritablement...» L'accueil est frais en ce mercredi 20 mars sur l'aéroport de Matsu. Le Taïwanais au costume-cravate un peu défraîchi qui s'était attardé pour affaires dans ces îles situées à moins de seize kilomètres des côtes chinoises achève à peine sa phrase. Son nom vient d'être appelé sur la liste d'attente des passagers au départ du prochain vol.

Depuis lundi, la Chine procède à des exercices à moins de 18 kilomètres de Tungchu, l'île le plus au sud des Matsu. Ces dernières heures, les habitants des îles ont connu quelques montées d'adrénaline. Aucun avion n'a pu atterrir ou décoller pendant deux jours, à cause des mauvaises conditions climatiques. Les liaisons régulières entre les Matsu et Taiwan sont assurées par des Dornier 228, petits avions à hélice, d'une vingtaine de places, qui ne peuvent se risquer dans une tourmente. Le premier appareil qui s'est aventuré en provenance de Taipeh, mercredi matin, ne transportait que des uniformes verts et des journalistes étrangers. A l'arrivée, une ville quasi fantôme accueille les rares passagers. Les rues sont vides, la plupart des volets métalliques baissés sur les devantures des boutiques. «Les habitants ont préféré partir par précaution», explique Chen Kong-han, l'un des responsables du parti nationaliste. Seul reste ouvert l'hôtel Matsu. Des vedettes ass