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Libération
Enquête

Le cartel de Cali plie, mais ne se rend pas. Les barons de la drogue se croyaient invincibles. Ils sont aujourd'hui aux abois.

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publié le 22 mars 1996 à 2h24

Bogota, envoyé spécial

Rude journée pour le parrain. Après ses avocats et un député indépendant, c'est au tour de Mgr Pedro Rubiano, président de l'assemblée épiscopale de Colombie, d'être reçu par Gilberto Rodriguez Orejuela, le numéro un du cartel de Cali, sous les verrous depuis juin. Tout d'un coup, celui-ci se sent mal. Branle-bas dans la prison la Picota de Bogota, où sont reclus une quinzaine de «capos» de l'organisation. Rodriguez est transféré en hélicoptère à l'hôpital militaire. Plus de peur que de mal, l'après-midi du 22 février était trop chargé: diriger le principal syndicat mondial de trafiquants de cocaïne (près de 3.000 «affiliés» selon la police) entre quatre murs, mais un téléphone cellulaire à portée de la main, expose au stress.

«Le cartel de Cali a cédé du terrain mais n'a pas été démantelé», se plaint un agent de l'antenne de Bogota de la DEA (Drug Enforcement Agency, le service antidrogues des Etats-Unis), qui reconnaît que Gilberto Rodriguez est «un fils de pute particulièrement intelligent». «Nous l'avons surnommé le Joueur d'échecs.» Très présente en Colombie, la DEA constate que ses adversaires «sont encore très puissants, puisqu'ils contrôlent un grand nombre d'entreprises légales à travers leurs parents ou des hommes de paille. Le tiers des meilleures terres de la région de Cali leur appartient et, ces dernières années, ils ont investi des milliards de dollars dans le pays. Sans parler de l'argent blanchi à l'étranger!»

Le 1er mars, Washington a r