Une foule de gens humbles, majoritairement originaires des faubourgs de Rio, se presse dans le stade de Maracana, archicomble comme pour une finale dominicale de championnat de football. Sur l'estrade installée au centre du terrain, un prédicateur à genoux exhorte les 200.000 spectateurs présents à «défoncer les murailles de Satan». En écho, des alléluias montent des tribunes. A la fin de l'office, les préposés à la quête, en chemise-cravate, parcourent les gradins avec des sacs poubelle qui feront scandale dans les gazettes et à la télévision: le business de la foi à l'américaine vient de s'offrir un show inaugural fracassant, dans le temple de la plus grande passion nationale.
Cette scène se déroulait il y a onze ans dans le pays comptant le plus de catholiques au monde. Fer de lance d'une mouvance néopentecôtiste déjà en plein essor au Brésil, l'Eglise universelle du royaume de Dieu donnait ce jour-là sa première démonstration de force. Depuis, les sectes se réclamant du fondamentalisme réformé n'ont cessé de proliférer dans les quartiers populaires et les favelas des villes brésiliennes. C'est chez les oubliés du pouvoir qu'Edir Macedo, fondateur de l'Eglise universelle, a bâti, à partir de 1977, un empire financier en passe aujourd'hui de concurrencer celui du «révérend» Moon.
Accusation de charlatanisme. Moins de deux décennies ont en effet suffi à l'ancien employé de la Loterie de l'Etat de Rio, résidant à New-York après avoir été inquiété par la justic