Dans la nuit de mardi à mercredi, un commando s'est présenté au
monastère de Tibehirine, à quelques kilomètres du fief intégriste de Médéa, la ville dont le GIA voulait faire sa capitale d'où partirait la «conquête» de tout le pays. Une dizaine de moines trappistes français vivent isolés dans ce coin de montagne, sans protection. Les hommes armés ont demandé le frère médecin. Les moines ont répondu qu'il était trop âgé, qu'il était trop tard. Le commando a alors emmené sept moines. Depuis hier matin, les forces de sécurité algériennes ratissent la région, située à une centaine de kilomètres au sud d'Alger. Mais hier soir, on était toujours sans nouvelles des religieux, âgés de 50 à plus de 80 ans, vraisemblablement enlevés par un «groupe criminel armé», terminologie par laquelle les services de sécurité désignent les islamistes armés. De Bonn, l'Instance exécutive du Front islamique du salut à l'étranger s'est hier désolidarisée de cette action et a demandé la libération immédiate des religieux.
La présidentielle du 16 novembre n'aura donc été qu'une trêve. Depuis, la violence a non seulement repris, mais elle va crescendo. Embuscades, assassinats, voitures piégées, sabotages. Mais c'est la première fois depuis le meurtre des époux Jourdan à Alger, en juin 1995, que des étrangers, et singulièrement des Français, sont la cible des islamistes armés. Que la fuite en avant dans la violence des GIA, affaiblis par les dissensions internes, touche de nouveau la communauté étrangère