Moroni, envoyé spécial
Dans un crissement de pneus, la limousine démarre en trombe sur la route qui longe la mer. A son bord, Fernand Wibaux, le «monsieur Afrique» officieux de Jacques Chirac, venu «prendre un contact informel» avec le nouveau président des Comores, Mohamed Taki Abdoulkarim, élu le 16 mars. Wibaux n'a posé son avion que pour quelques heures, avant de repartir vers le Gabon. Il affirme «connaître depuis longtemps Mohamed Taki». L'envoyé de Jacques Chirac «n'a pas abordé de question militaire». Le jour même de son élection, Mohamed Taki avait en effet demandé à Paris de prolonger la présence du petit contingent militaire, resté sur l'île après le départ de la force d'interposition qui avait arrêté Bob Denard et ses mercenaires, venus s'emparer de l'archipel en septembre dernier.
Lieu géostratégique. La France peut dormir sur ses deux oreilles, ni sa position sur l'archipel ni ses accords de défense ne seront mis en danger par le nouveau président, qu'on disait proche des intégristes musulmans. Phare sur l'océan Indien, exceptionnelle base d'écoute à mi-chemin sur la côte est de l'Afrique, bouclant le passage de pétroliers du Golfe vers l'Afrique du Sud par le canal du Mozambique, la République fédérale islamique des Comores reste un lieu de passage géostratégique, sur lequel la France garde le contrôle.
Les deux candidats favoris aux élections, Mohamed Taki et Abbas Youssouf, venus chercher le soutien financier et politique de Paris dans leurs campagnes respe