Trois millions et demi d'électeurs tchadiens sont appelés aux urnes
dimanche pour se prononcer sur un projet de Constitution. En trente-cinq ans d'indépendance, ce référendum est le premier scrutin qui ne se déroule pas sous un régime de parti unique.
Mais à Paris, aucun responsable de la politique africaine ne voterait pour ce texte: «Le texte porte en lui le risque d'un affrontement entre le Président et le Premier ministre», explique-t-on à l'Élysée. «C'est le même régime semi-prési- dentiel à la française qui, au Niger voisin, a abouti à une cohabitation conflictuelle et à un coup d'État militaire.» La France avait «suggéré» des modifications. Trop tard, le texte était déjà sorti de l'imprimerie nationale. Ce qui, pour autant, ne consacre pas le triomphe de la souveraineté tchadienne sur une tentative d'ingérence française. Tirée à 6.000 exemplaires et diffusée seulement depuis une semaine, la nouvelle Constitution est ignorée par l'écrasante majorité des électeurs.
Certes, les 239 articles de la nouvelle loi fondamentale ont été lus à la radio nationale et, dans la capitale, quelques affichettes annoncent la première échéance d'un steeple-chase électoral qui, en juin, se poursuivra par la présidentielle, puis à l'automne par les législatives. Cependant, pour la population, l'enjeu de toutes ces consultations est le même. «Tel qu'il est organisé, le référendum constitutionnel tourne au vote plébiscitaire pour ou contre le général Idriss Déby», estime l'opposant Abderaman