Hong-kong,
envoyée spéciale Jamais encore les responsables de l'immigration n'avaient vu un tel spectacle. Tout au cours de la semaine dernière et pendant le week-end, des milliers de Hongkongais se sont pressés devant les portes de l'administration coloniale britannique pour tenter de faire valoir leurs demandes de naturalisation. Le petit territoire de 6 millions d'habitants, devenu la huitième puissance commerciale du monde, doit être rétrocédé à la Chine le 30 juin 1997, à minuit. Oscillant jusqu'alors entre nervosité et sérénité, Hong-kong connaît aujourd'hui sa première crise sérieuse d'angoisse. Même ceux qui, voilà un mois encore, affichaient ouvertement leur optimisme, sont désormais prudents. Le dimanche 31 mars marquait la date limite de dépôt des candidatures pour l'attribution de passeports britanniques. Sur des centaines de mètres, un serpent humain, sous des parapluies de couleur, s'est étalé sur le grand stade du quartier de Wanchai jusqu'à la «tour de l'immigration». «Au total, plus de 195.000 personnes ont déposé leur candidature depuis janvier 1992, dont 100.000 en toute hâte, au cours du mois de mars», confie un officier.
C'est tout d'abord la «crise de Taiwan», tout au long du mois de mars, qui a ébranlé les 6 millions d'habitants de la colonie. La Chine, qui prône la réunification de l'île nationaliste au continent, s'est livrée à des manoeuvres militaires d'«intimidation» dans le détroit de Taiwan à l'approche de la première présidentielle taïwanaise. «C