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Libération
Reportage

La Biélorussie revient à la case RussieA Minsk, les opposants au traité d'«unification» avec Moscou restent minoritaires.

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publié le 2 avril 1996 à 4h13

Minsk, envoyé spécial

Seuls escarpements dans ses immensités désespérément plates, les monuments aux morts semblent l'unique relief de la Biélorussie. Tumulus massifs surmontés de colosses en béton aux postures toujours viriles, ils se dressent d'autant plus imposants que les champs qu'ils dominent paraissent sans limites. Leur nombre, plus que leur contestable majesté, en impose. Ici, coule le Dniepr sur les rives duquel campaient les Tatars. Puis la Bérézina, ultime linceul de glace pour les grognards de Napoléon en retraite de Russie. Le Niémen enfin, sur la frontière polonaise, où refluèrent, défaits, les panzers lancés par Hitler contre l'Union soviétique. Englobant du même geste plaines et tombeaux, Vinsouk Viatchorka résume l'histoire de son pays: «Un paillasson entre l'Asie et l'Europe, entre mer Baltique et mer Noire, sur lequel toutes les armées de ces sept derniers siècles se sont essuyé les bottes.»

«Trahison». Dans ce passé mouvementé, dans cette position géographique originale, le vice-président du Front populaire (opposition) veut voir «une tragédie et un bonheur». Le drame, pour ce porte-drapeau du renouveau des traditions culturelles, c'est de constater combien ses compatriotes font peu de cas du fait national. Son rêve, c'est que son pays devienne un trait d'union entre l'Occident et la Russie. Espoir sérieusement mis à mal par les initiatives diplomatiques du président biélorusse. Nostalgique militant de l'URSS, chantre du panslavisme sous la croix orthodoxe