Moscou,
de notre correspondant L'accord paraphé, Alexandre Loukachenko a laissé déborder sa joie. En apposant son sceau, hier, dans la salle Saint-Georges du Kremlin, au traité d'union avec la Russie, le président de la Biélorussie n'entendait clairement pas signer l'un de ces habituels protocoles diplomatiques qui sont le lot quotidien des relations interétatiques. Pour ce nostalgique militant, chantre du panslavisme, la reconstitution de liens organiques entre Minsk et Moscou relève de la mission sacrée, du devoir impérieux de «corriger l'erreur historique de 1991», la dissolution de l'Union soviétique, «qui a séparé le peuple biélorusse et le peuple russe».
«On nous appelle des nations soeurs, et c'est bien juste, a expliqué Alexandre Loukachenko; les malheurs et les joies, nous les avons vécus ensemble, la lutte commune contre les envahisseurs étrangers ont bâti une cohésion telle que personne ne sera à même de la briser.» Face à une telle verve, Boris Eltsine a d'ailleurs montré quelques signes d'agacement. Car les projets du président russe sont nettement plus terre à terre que ceux de son homologue biélorusse. Et son premier objectif reste d'allumer un contre-feu crédible dans sa campagne électorale face à l'agitation du candidat communiste Guennadi Ziouganov, son principal adversaire, héraut de la restauration de l'URSS. Le traité d'union avec la Biélorussie lui donne l'occasion d'affermir sa position dans la course à un second mandat, en flattant le courant nostalgiqu