Lorsque, le 6 avril 1994 à 20h22, le Falcon 50 de Juvénal
Habyarimana est touché par un missile dans le ciel de Kigali, l'attentat coûte la vie non seulement au président rwandais, mais aussi au chef de l'Etat burundais qui l'accompagne, à quatre autres passagers et aux trois membres d'équipage français. Evénement déclencheur du génocide des Tutsis et des massacres d'opposants hutus, l'attentat entraîne, dans les trois mois, la mort de centaines de milliers de civils. Deux ans plus tard, aucune enquête officielle n'a été menée pour en élucider les circonstances. Un professeur belge vient toutefois de verser au dossier un premier élément matériel: les numéros d'identification des deux lanceurs de missiles qui auraient été utilisés pour abattre l'avion.
Dans son livre Rwanda: trois jours qui ont fait basculer l'histoire (1), Filip Reyntjens aboutit à la conclusion suivante: si le génocide était préparé, la relève institutionnelle de l'ancien régime ne l'était pas. Ce qui affaiblit l'hypothèse imputant l'attentat aux extrémistes hutus qui auraient voulu se débarrasser du président Habyarimana pour durcir le régime. Cependant, dans un jeu de pistes toujours aussi confus, les autres hypothèses la «filière burundaise», le «coup d'Etat démocratique» ou l'assassinat perpétré par le Front patriotique rwandais (FPR), le mouvement rebelle tutsi aujourd'hui au pouvoir à Kigali ne sont guère plus concluantes.
D'où l'intérêt de retracer l'itinéraire des missiles dont les deux lanceurs, s