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Libération

Les Autrichiens crient au crime de lèse-automobileIls dénoncent la décision du gouvernement d'instaurer des péages sur les autoroutes jusque-là gratuites.

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publié le 6 avril 1996 à 4h34

Vienne, envoyée spéciale

Aloys arrête sa voiture entre les bretelles d'une voie rapide, en grande banlieue de Vienne. Une petit pluie graisse le pare-brise. «Voilà, nous y sommes.» A l'horizon, rien. Aloys, garagiste, confirme: «C'est bien ici.» Il soupire. «Dans un an, c'est à partir de là qu'il nous faudra payer. Je me demande ce que nous allons tous devenir.» Alors que le gouvernement autrichien vient d'instaurer un plan de rigueur sans précédent, sabrant allocations et aides sociales, c'est l'instauration d'un péage sur les autoroutes, jusque-là gratuites, qui cristallise les colères. «En fait, nous sommes en train de passer d'une philosophie d'Etat à une autre, commente Gerold Estermann, chargé de la planification routière au ministère des Finances. Au même titre que les écoles ou les hôpitaux, les autoroutes sont ici un réseau exclusivement public, sans concessions privées. Même si les Autrichiens sont habitués à payer leur trajet à l'étranger, le faire chez eux symbolise la fin de l'Etat providence.»

Jusqu'aux récentes mesures de restrictions budgétaires, c'était même «presque le paradis», reconnaît un syndicaliste. Nostalgique, il énumère les 7.000 shillings (3.500 francs) de minimum vieillesse, la convention nationale qui garantit un treizième et un quatorzième mois de salaire exemptés d'impôts. Ou encore les allocations familiales versées jusqu'à l'âge de 28 ans pour les étudiants. «On se doutait que tout cela finirait par être réduit, dit Aloys. Mais pourquoi touch