Athènes,
de notre correspondante Des autocars jaune vif, peints de marguerites géantes, partent deux fois par jour de la place Syndagma d'Athènes pour la villégiature de Loutraki, à une heure de la capitale. Direction: le casino de la ville, le «temple» comme on le nomme ici. Une vaste bâtisse de six mille mètres carrés, pouvant accueillir mille à deux mille personnes. Médecins, cadres, fonctionnaires et employés accourent d'Athènes et des grandes villes voisines; agriculteurs et éleveurs viennent de tout le Péloponnèse. «Tous les samedis après-midi, après le marché, ils garent leur tracteur devant le casino et descendent avec leurs gains de la journée dans des grands sacs en plastique», raconte le patron du café central de Loutraki. «Quand ils ressortent, vers minuit, ils ne possèdent plus rien, mais ils reviennent le samedi d'après.»
Spéculation. A l'intérieur du «temple», les clients, parfois venus en famille, goûtent aux plaisirs du jeu, attirés par l'accueil chaleureux, les buffets bon marché, les lustres en cristal et les «hôtesses» très maquillées, qui ajoutent un peu de mystère au faux luxe ambiant. Des fortunes entières, dit-on, s'évaporent ici tous les jours, et le même phénomène se répète dans d'autres régions du pays. Mais cette nouvelle folie du tapis vert, d'abord encouragée par les pouvoirs publics, s'est mise à tellement sentir le soufre que le gouvernement a dû se résoudre à y mettre le holà.
Jusqu'à l'an dernier, le jeu était réservé à une élite feuille d'i