Un enchevêtrement d'ossements et de lambeaux de vêtements couvre le sol. Un thermos, une chaussure. «On pourrait reconnaître les gens, mais il n'y a plus assez de rescapés pour les réclamer.» Marc Sabimana, le gardien de l'église de Ntarama, passe le doigt sur un crâne fendu. «Machette», murmure-t-il. Deux ans après le génocide, rien n'a été touché à l'intérieur des bâtiments éventrés par les massues. Les restes des 5.000 personnes qui avaient cherché refuge dans l'église de brique gisent dans le silence d'un petit bois d'eucalyptus. Un mémorial de fortune abrite des crânes, disposés sur des branchages contre lesquels se dessèchent quelques couronnes mortuaires. Ntarama fut l'un des premiers sites du génocide d'avril 1994. Ensuite, les miliciens et les militaires des Forces armées rwandaises prirent la piste de latérite vers Nyamata, à 5 km de là.
La commémoration du second anniversaire du génocide ne donnera pas lieu à de grandes cérémonies dans la région. Des cérémonies, il y en a tous les jours, au fur et à mesure que les pluies ramènent les ossements à fleur de terre. Ces jours-là, les survivants font passer une annonce à la radio et convient à un véritable enterrement.
Toujours pas de coupable. Située à une heure de route au sud de Kigali, Nyamata et ses marais ont d'abord été un lieu de déportation pour les Tutsis. Dans les années 60, la bourgade est devenue une ville commerçante, les champs ont grignoté la forêt, attirant des Hutus à l'étroit sur les te