La chute du mur de Berlin a enseveli un monde divisé en trois, entre
le capitalisme occidental, le communisme oriental et les pays sous-développés du Sud. Mais ces derniers n'ont pas été que le champ de la rivalité Est-Ouest. Comme l'indique le nom que leur a donné en 1952 Alfred Sauvy, ils constituaient, aussi, un «tiers monde» au sens du tiers état. D'où le mauvais titre sous forme de bonne question: la Fin du tiers monde? (1). Autrement dit: le mur de Berlin a-t-il enterré, avec les deux premiers mondes, le troisième, en même temps que les «nations prolétaires» du globe?
La réponse, apportée par une douzaine d'auteurs, est clairement oui. D'abord, parce que le tiers monde n'a peut-être été qu'un lieu de projection de l'Occident.
Ensuite, s'il a réellement existé, au sortir de la conférence afro-asiatique de Bandung, ou dans le grand débat autour du «nouvel ordre économique mondial», il a entre-temps éclaté en mille morceaux.
Bien avant la chute du Mur, qu'y avait-il de comparable entre Singapour et le Niger, entre l'Iran et Haïti? L'ouvrage rappelle que l'unicité du tiers monde fut, au départ, démographique. Or, là encore, il a perdu sa cohésion. Alors que les femmes de l'Afrique subsaharienne donnent encore naissance à plus de cinq enfants en moyenne, la Chine, avec 1,2 milliard d'habitants, a désormais un taux de fécondité inférieur à celui des Etats-Unis.
Mao, qui pensait que «la campagne mondiale doit encercler la ville mondiale», finira-t-il par avoir raison? C'e