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Libération
Enquête

Le coup d'Etat «légitimé» au Niger. Au pouvoir depuis janvier, le colonel Baré révèle qu'il sera candidat à la présidentielle.

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publié le 11 avril 1996 à 4h20

Niamey, envoyé spécial

Le Niger ouvre la voie au bonapartisme africain. Ayant pris le pouvoir à la faveur d'un putsch, en janvier, alors que le pays le plus pauvre de la planète était depuis des mois paralysé par la rivalité entre son Premier ministre et son président, tous deux élus démocratiquement, le colonel Ibrahim Baré Maïnassara compte se présenter aux élections comme «candidat indépendant au-dessus de la mêlée». Pour prendre de vitesse ses rivaux des partis frappés d'interdiction depuis le coup d'Etat, il veut organiser un référendum constitutionnel et, dans la foulée, l'élection présidentielle avant juillet, dernière limite avant la saison des pluies. L'avantage décisif de ce scénario: en raccourcissant à nouveau l'échéancier pour le retour à la légalité, le chef militaire, qui devra raccrocher son uniforme pour pouvoir se présenter, satisfait les exigences des bailleurs de fonds. Ceux-ci, aussi désenchantés par «l'expérience démocratique» que la grande masse des Nigériens, veulent certes mettre fin au régime d'exception, mais, pour peu que les formes constitutionnelles soient respectées, appuient une restauration autoritaire.

«Le schéma algérien». Dans son bureau à l'état-major général des forces armées, qu'il continue d'occuper, le colonel Baré, 46 ans, est content de lui. Convoqués pendant une semaine, les 600 délégués d'un Forum national pour le renouveau démocratique ­ composé de chefs traditionnels, des anciens parlementaires et de personnalités choisies ­ n'on