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Libération
Reportage

Le prince sans rire du Liechtenstein. Hans Adam II refuse d'être une potiche. Alors il gouverne, et bouscule son royaume.

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publié le 16 avril 1996 à 3h29

Liechtenstein, envoyée spéciale Le matin, à foulées rapides, le prince Hans-Adam II, fait le tour de son château, le torse et les pieds nus. «Les muscles jouent sur son ventre, dit Sébastien Frommelt, cinéaste de 32 ans. Il est fin, vigoureux, les yeux très bleus.» Ensuite, dans son donjon, entre les tableaux précieux et les lourdes boiseries, le prince Von-und-Zu-Liechtenstein ­ c'est le titre de la famille régnante dans le pays du même nom ­ tempête et se débat. «Je ne veux pas être le clown Auguste. Je ne veux pas être une potiche.» Alors, Hans-Adam II gouverne, fait et défait le Parlement, congédie un magistrat, menace les intellectuels. «Notre prince est ainsi, dit Josef Buchel, informaticien. Quand il s'énerve, il va à son ordinateur et tape une lettre très peu diplomatique.»

Les cinq ministres s'émeuvent et, en délégation discrète, sollicitent audience pour protester. «Mon Dieu, nous sommes à la fin du XXe siècle. Tout cela n'est plus de l'époque», soupire Paul Vogt, élu du parti «sans étiquette». Mais ces reproches ne calment pas le prince, bien au contraire. Le voilà qui se fâche tout à fait, comme ce fut à nouveau le cas, il y a quinze jours. «Si vous ne voulez plus de moi, je m'en vais. Que le pays se fasse république ou se rattache à un de ses voisins. Vous pouvez choisir l'Autriche, bien que je vous conseille plutôt la Suisse», a-t-il déclaré, en mars, devant le Parlement.

Paradis fiscal. Mais, dans ce royaume-là, le paradoxe veut que Hans-Adam II, dernier hérit