Menu
Libération

Eltsine ressort le drapeau rouge pour la présidentielleIl espère séduire l'électorat communiste le 16 juin.

Article réservé aux abonnés
publié le 17 avril 1996 à 4h03

Moscou,

de notre correspondant Le drapeau rouge flotte à nouveau sur Moscou. Pas la bannière du prolétaire, certes, mais «l'étendard de la victoire», nouvelle appellation contrôlée du fanion écarlate de l'armée soviétique, frappé de son étoile d'or à cinq branches, que le président Boris Eltsine a réhabilité hier comme l'un des insignes officiels de la Fédération. Elégante volte-face, aux motivations purement électorales, mais lourde d'enseignements sur l'état de l'opinion en Russie. Car, prenant possession du Kremlin, fin décembre 1991, c'est le même Boris Eltsine qui faisait amener le symbole communiste des vieilles tours crénelées pour lui substituer celui de la nation. Il entendait alors signifier sa victoire. Jours de faste et de liesse aujourd'hui oubliés. Après cinq années de pouvoir, le président russe dispute âprement un second mandat face à un adversaire communiste dopé par les sondages. La nostalgie qui domine l'électeur plonge ses racines dans le souvenir idéalisé de l'ancien régime, sclérosé mais stable dans son immobilisme. Et Eltsine n'a plus l'allant du jeune apparatchik rebelle prêt à se hisser sur un char pour défendre sa vision de la démocratie. Il lui faut composer pour se maintenir.

Sans état d'âme apparent, le Président a donc signé hier un oukase rétablissant l'usage du drapeau rouge pour «les jours de fête nationale, de défilés militaires», destiné à flotter «lors des cérémonies de masses commémoratives des victoires du peuple russe, des cérémonies sol