Machghara, envoyé spécial
Sur le bord de la route qui pénètre dans la bourgade, se succèdent sept portraits géants. Les six visages d'hommes jeunes, barbus, sous lesquels figurent des noms: Khalil Ibrahim Yassin, Ali Ghaleb Bjeiji, Ali Ahmed Merhi... Six combattants qui se sont sacrifiés pour le Hezbollah. Le septième est le portrait d'un imam. Derrière cette galerie apparaît, parmi les premières maisons, l'enseigne de la Pharmacie nationale. Son propriétaire, Mafhouz Abbas Mafhouz, nous invite à nous asseoir sur le pas de la porte: «D'abord le café, pendant que les avions s'occupent du village d'à-côté.»
Unanimité. Le café est à la fleur d'oranger. La bourgade s'appelle Machghara, bâtie sur les escarpements de la montagne, accessible après une traversée de la plaine de la Bekaa et après avoir franchi une vingtaine de barrages militaires, libanais et syriens. Le dernier se situe à deux kilomètres. Cette agglomération de maisons de moellons, souvent inachevées, possède deux pharmacies. Celle-ci est privée, l'autre appartient au Hezbollah. La ville obéit à deux mohtars, chrétien et musulman, tous deux enfuis dès le premier bombardement. Elle a deux mosquées chiites et deux églises, orthodoxe et protestante. Elle compte dix gendarmes moustachus imbattables aux cartes. Le pharmacien est musulman comme son nom le signale, mais pas très prosélyte comme son visage de notable érudit l'indique. Il explique: «A Machghara, tout le monde réfléchit à la situation différemment selon les gé