Rio, de notre correspondant
«Honte», titrait vendredi le Jornal do Brasil sur toute la largeur de sa une à propos de la boucherie survenue mercredi après-midi près du village d'Eldorado de Carajas, dans le sud de l'Etat amazonien du Para. L'affrontement qui a opposé un millier de militants du Mouvement des sans-terre (MST) à un détachement de quelque 200 policiers militaires (chargés au Brésil du maintien de l'ordre) a tourné au massacre. Le bilan provisoire établi vendredi par la presse locale faisait état d'au moins 20 morts et 45 blessés parmi les manifestants. Ces derniers participaient à une marche sur Belém, la capitale du Para, distante de 650 kilomètres, en signe de protestation contre la lenteur des autorités régionales à régulariser l'occupation par le MST de terres inexploitées dans la région connue sous le nom de Complexo Macacheira.
Accueillis par une volée de pierres alors qu'ils tentaient de dégager la route bloquée par les sans-terre, les policiers n'ont pas hésité à tirer à la mitraillette sur la foule. «Indigné», le président social-démocrate, Fernando Henrique Cardoso, a proclamé sa «conviction que les responsables de la tuerie seront jugés». Le 9 août 1995, un raid policier du même genre s'était soldé par la mort de 12 personnes (dont 2 policiers) et la «disparition» de 9 paysans qui squattaient une propriété laissée en friche près de la localité de Corumbiara, en Amazonie occidentale. Pour solde de tout compte, le commandant de l'opération avait été démis