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Libération

L'ONU quitte le Rwanda sur un échec. Kigali reproche aux Nations unies de n'avoir pas empêché le génocide.

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publié le 20 avril 1996 à 3h55

Les derniers Casques bleus ont quitté Kigali en fin de semaine: deux

ans et demi de présence, qui n'ont empêché ni le troisième génocide du siècle, ni permis le retour d'environ 1,7 millions de Rwandais réfugiés dans les pays voisins. Le déménagement de la MINUAR s'est terminé sur une ultime fausse note. Le gouvernement rwandais refuse le matériel que la force onusienne propose de laisser sur place ­des véhicules, des ordinateurs, des générateurs et des préfabriqués d'une valeur totale de 8,5 millions de dollars. Du matériel «pourri», selon Claude Dusaidi, conseiller politique du vice-président Paul Kagame. Il accuse également l'ONU de devoir au pays plus de 2 millions de dollars d'impôts, loyers et primes au personnel local. Le secrétaire-général adjoint de l'ONU, Marrack Goulding, a été dépêché à Kigali pour vider une querelle qui n'est qu'une manifestation de plus des difficiles relations qu'entretiennent les autorités rwandaises et la communauté internationale.

Si le général Siva Kumar, commandant des forces indiennes et dernier à quitter l'immeuble hyperprotégé de la Minuar, affichait vendredi une satisfaction de circonstance ­«Nous avons rempli notre mandat»­, les autorités de Kigali ne pardonnent pas aux Casques bleus d'avoir été incapables d'empêcher le génocide de 1994. Déployée au Rwanda en novembre 1993 pour superviser un accord de partage du pouvoir entre la rébellion tutsie et le gouvernement hutu, la Minuar qui comptait alors 2.600 hommes n'a pas réagi aux prem