Maarake, envoyé spécial
C'est la route de l'Est, entre Tyr et Tebnine, qui ravitaille les bases Hezbollah au sud du pays, mais aussi les villages de l'intérieur du Sud Liban. Dans une gorge de broussailles, elle est coupée depuis l'aube au bas de la bourgade de Jouaiya. Non par un barrage militaire ou une attaque aérienne, mais à cause d'un bassin d'eau boueuse et qui en interdit désormais le franchissement. Dans une région aride où chaque litre d'eau est utilisé avec une parcimonie millénaire, cette inondation bouillonnante sent le drame. D'une crête, un homme descend à pied. Il s'appelle Kemal et porte sur l'épaule un sac de pains. Il vient de Jouaiya et se rend dans sa maison à Maarake. Il raconte: «A sept heures ce matin, un raid a lâché des bombes sur le flanc de la montagne. Ils ont ainsi coupé la route, et détruit la canalisation qui amenait l'eau.»
Un seul puits. Jouaiya est une bourgade de 10.000 habitants. Les rues sont décorées de portraits de martyrs et de drapeaux du Hezbollah. L'armée israélienne l'a attaquée à trois reprises. Les trois-quarts des gens l'ont fuie sous les obus. Les artilleurs du Hezbollah sont restés avec leurs rampes de Katioucha aussi, dissimulées dans les ravins derrière des maisons, mobiles ou enterrées. Hors d'atteinte de la technologie israélienne, elles tirent épisodiquement. Ce matin, donc, deux raids ont attaqué autour du village: la route du bas, la route du haut, la canalisation. Jouaiya n'est plus accessible que par un chemin de mont