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Portrait

L'irréductible résistant de l'indépendance tchétchèneLe président Djokhar Doudaïev aura vécu jusqu'au bout fidèle à ses convictions de nationaliste caucasien.

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publié le 25 avril 1996 à 3h42

Moscou, de notre correspondant

Rituel bien ancré, le président Djokhar Doudaïev concluait immanquablement ses interventions publiques d'un tonitruant: «La liberté ou la mort!» Et pour cet ancien général de l'armée de l'air soviétique, symbole de l'indépendance tchétchène, cette profession de foi n'avait rien de la rodomontade. Etranger à la crainte, il ne supportait pas que l'on puisse mettre en doute sa vaillance ou celle de sa nation. «Seul celui qui est désavoué par son peuple peut avoir peur, fulminait-il alors, je suis ma conscience, j'ai choisi le bon chemin, je ne veux pas en sortir.»

Détermination. Nous sommes en décembre 1994. Le Kremlin dépêche vers la petite république sécessionniste du Caucase un formidable corps expéditionnaire. Une bombe frappe de plein fouet le palais présidentiel, au centre de Grozny, où Djokhar Doudaïev reçoit la presse. La confusion est totale. Lui ne cille pas, promenant son regard perçant sur le début de panique. L'ironie pointe au coin de ses lèvres en lame de couteau, surmontées d'une fine moustache trop soigneusement entretenue. «Mieux vaut mourir avec honneur, selon les lois de la guerre sainte, qu'être réduit en esclavage», martèle le rebelle.

Tombé sous ces même bombes qu'il dédaignait avec hauteur au début du conflit, Djokhar Doudaïev aura vécu fidèle jusqu'au bout à ses convictions de nationaliste caucasien. C'est persuadé que le Kremlin n'a jamais abandonné son «plan d'extermination du peuple tchétchène» élaboré sous les tsars, pour