Madrid,
de notre correspondant Deux mois après les élections, l'Espagne concrétise enfin l'alternance à droite. José Maria Aznar, le leader du PP (Parti populaire), vainqueur du scrutin du 3 mars, a dîné en grande pompe hier soir à Barcelone avec son nouvel allié, Jordi Pujol, le chef de file des nationalistes catalans de CiU (Convergencia i Unio), après une très symbolique poignée de main. Une manière de sceller courtoisement le pacte passé par les deux formations pour assurer l'investiture de José Maria Aznar, qui ne peut se passer de l'appui des 16 députés de CiU.
Après cinquante-cinq jours de négociations souvent âpres, la nouvelle alliance a été présentée officiellement hier matin au public, une fois ratifiée par les organes dirigeants des deux partis. Le PP n'a pas craint d'annoncer qu'il s'agissait d'«un pacte historique, une grande première entre des nationalistes et le centre droit espagnol». Il est vrai que réunir les forces centrifuges catalanes et ceux qui défendaient il y a peu encore «un grand projet national espagnol» n'a pas été simple. Le PP a dû gommer ses velléités centralistes et céder dans le sens d'une accélération de la décentralisation, sinon de la «fédéralisation», de l'Espagne.
En premier lieu, le pacte prévoit un bond en avant vers l'autofinancement des dix-sept communautés autonomes du pays. Le nouveau système devrait profiter aux plus riches d'entre elles, et d'abord à la Catalogne. L'Etat central cédera la gestion de 30% de l'impôt sur le revenu au