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Libération
Reportage

Exode à rebours au Sud-LibanPrès de la ligne de front, les premiers réfugiés sont de retour.

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publié le 29 avril 1996 à 3h36

Chaqra, envoyé spécial

L'immense embouteillage qui s'est répandu dès l'aube de samedi vers le sud n'a pas atteint Chaqra ce week-end. Là-bas, au bout d'une route qui serpente entre les collines du Sud-Liban, au pied de la ligne de front, règne le silence. Les avions israéliens se sont retirés du ciel, les rues embarrassées de câbles et de détritus sont encore désertes. De rares Mercedes y parviennent pourtant. Taxis collectifs ou voitures familiales, elle déchargent des réfugiés avec bagages et matelas mousse échus dans les centres d'hébergement. Les passagers inspectent leurs maisons et celles des voisins, les uns avec bonheur, les autres avec malheur, puis descendent plus bas visiter et commenter les dévastations.

A Chaqra, dix mille habitants, les missiles israéliens ont aplati quatre maisons, détruit les canalisations d'eau. Les obus ont endommagé des façades et des fils électriques. Néanmoins, ici comme partout ailleurs, les dégâts de ces seize jours d'affrontements s'avèrent beaucoup moins importants que ne le laissent imaginer les images des bombardements. Ceux qui sont restés racontent les événements à ceux qui reviennent. Tous se demandent pourquoi la villa d'Issa, exportateur au Sénégal, est détruite, et pas celle de Mahmoud, promoteur immobilier à Beyrouth. Pourquoi l'appartement de la famille Harouf est dévasté, et pas celui de la famille Ibn Sina.

Dès qu'une conversation s'engage autour des monceaux de gravats, des jeunes hommes barbus s'empressent de s'en mêler po