Strasbourg,
envoyée spéciale Ils savaient que cette question serait la première à être posée et ils savent qu'ils ne pourront pas y répondre avant l'an 2000 au plus tôt. La réunion au Conseil de l'Europe à Strasbourg sur «l'exploitation sexuelle des enfants», en préparation du très attendu congrès mondial sur le même thème qui se tiendra à Stockholm en août prochain, s'est donc ouverte jeudi sur une inconnue: combien de mineurs sont concernés? Et s'est achevée vendredi sur une seconde: combien d'adultes sont impliqués, comme trafiquants ou clients?
«Cette histoire de chiffres est symboliquement un des problèmes les plus sensibles», explique Vitit Muntarbhorn, professeur de droit à la faculté de Bangkok. «Pendant longtemps, les gouvernements n'ont en fait pas voulu faire de comptes: pas de chiffres, pas de problème». Si l'organisation de ce congrès mondial témoigne pourtant de la récente évolution politique en ce domaine, reste ce vide statistique. Comme un aveu d'impuissance, malgré l'unanimité sans précédent qui entoure aujourd'hui le dossier: la convention internationale concernant les droits de l'enfant, et qui appelle à lutter contre la prostitution, le trafic et la pornographie impliquant des mineurs, est aujourd'hui la plus ratifiée du monde, avec la signature de 188 pays.
Après des décennies de laxisme, la législation contre l'exploitation sexuelle des enfants s'est en effet mise en marche à pas de géant. Contrairement à l'idée reçue qui place les pays occidentaux en pr