Moscou,
de notre correspondant Pour ce 1er Mai à Moscou, le rouge n'était pas l'apanage des seuls communistes. Pas plus que la harangue des classes laborieuses ne fut abandonnée à leur secrétaire général, Guennadi Ziouganov, favori des sondages pour le scrutin présidentiel du 16 juin. Marquant de près son principal adversaire, Boris Eltsine a également mouillé sa chemise, bravant la pluie pour flatter l'électeur, courtiser le travailleur. Si le parti a déroulé son traditionnel défilé de la statue de Lénine à celle de Marx, le chef de l'Etat s'est invité au rassemblement des syndicats indépendants: deux foules disparates d'environ 10.000 personnes, à dominante retraitée chez les communistes quand des visages plus jeunes perçaient parmi les partisans du Président.
Chacun des candidats y est donc allé de son couplet pour satisfaire les siens tout en essayant de ratisser chez l'autre. Bouquet d'oeillets en main, Guennadi Ziouganov a cherché des accents de nationaliste outré, tandis que Boris Eltsine, paré de trois roses, a joué de la fibre sociale, appelant les syndicats à «mettre de l'ordre» dans les usines par un «contrôle» plus vigilant sur les directeurs.
Eltsine semble être allé plus loin que le simple racolage électoral. Tout en se présentant, «grâce à Dieu, comme l'ultime rempart contre la restauration soviétique en Russie», il a multiplié les ouvertures à la direction communiste. Des contacts discrets ont même été initiés entre émissaires, avec la bénédiction d'une frange i