Rabat, envoyé spécial
Comme déjà en juillet dernier, lorsque Jacques Chirac a réservé son premier voyage officiel au Maroc, la symbolique des retrouvailles domine la venue en France de Hassan II. Exception faite de visites privées ou de sa participation aux sommets franco-africains, le monarque n'était pas venu en France depuis novembre 1985. Bien qu'il tente de dédramatiser cette «grippe passagère», ne voulant y voir qu'une brouille avec la France «para-officielle», Hassan II, selon l'un de ses proches, a vécu cette quarantaine «comme un affront». Qui lui rappelait des souvenirs: après l'affaire Ben Barka, l'enlèvement à Paris et la disparition du principal opposant marocain en 1965, il lui avait fallu attendre jusqu'en novembre 1976 pour être reçu en visite officielle par Valéry Giscard d'Estaing.
A l'époque, il fallait attendre la mort du général de Gaulle et, en 1972, le «suicide» du général Oufkir, le numéro deux au royaume qui avait été au coeur de l'affaire Ben Barka, puis d'une tentative de régicide. Aujourd'hui, la voie royale pour Paris s'est rouverte parce que Hassan II a libéré et expulsé l'opposant Abraham Serfaty, parce qu'il a fermé le mouroir de Tazmamart, décrété une «grâce royale» au bénéfice de plus de 400 prisonniers politiques et parce qu'il poursuit, en dialoguant avec l'opposition légale, un processus de démocratisation. Ironie de l'histoire, qui semble se répéter: comme dans l'affaire Ben Barka, dont l'introuvable cadavre reste dans le placard fran