El Valle, envoyé spécial
El Valle n'existe que sur les cartes d'état-major et dans la conscience de Faustino, son dernier habitant. Le hameau, accroché aux coteaux de la sierra de Bexega, qui culmine à 1.100 m au-dessus du rio Narcea, est voué à la disparition. Le sous-sol renferme de l'or, assez d'or pour que son exploitation soit rentable, malgré les difficultés d'accès. Les dix maisons, les prés des alentours seront rasés d'ici à l'automne. Cinquante millions de tonnes de terre vont être déplacées. El Valle deviendra une mine à ciel ouvert, d'où les premiers lingots sortiront fin 1997. Faustino désigne l'angle de sa robuste maison de pierre: «C'est juste là-dessous qu'ils ont trouvé, en sondant, la plus forte concentration d'or.» Il a cédé à la fièvre et vendu ses terres, après d'âpres négociations, pour plus de 3 millions de francs. Comme ses anciens voisins, il partira, avec ses 27 vaches et veaux, pour s'installer un peu plus au sud, vers Cangas de Narcea, «dans un palais du XVIIe siècle». «C'est comme si nous avions tous gagné à la loterie, encore que j'aie le coeur un peu serré d'abandonner ces terres.»
Invisibles pépites. L'or d'El Valle provoque l'exil, et non une quelconque ruée. Il n'est à la portée d'aucun aventurier, comme ces rares entêtés qui passent encore au tamis certains rios des Asturies. Sous les prés de Faustino, les pépites sont invisibles, de l'ordre du micron (0,001 mm), au mieux de la dizaine de micron. Beaucoup de microns peuvent faire des lingots