Bien avant l'Assemblée nationale, l'alma mater française a été bonne
fille à l'égard du trône alaouite. C'était le 29 octobre 1993, à l'université de Nice-Sophia Antipolis. Avec la mention «très honorable» et les félicitations d'un jury un peu particulier, le fils aîné de Hassan II, appelé à lui succéder, a soutenu un doctorat en droit sur «La coopération entre la Communauté économique européenne et l'Union du Maghreb arabe». Etaient alors réunis pour la «brillante soutenance de thèse de Son Altesse Royale, le prince héritier Sidi Mohammed», comme l'a rapporté, le 1er novembre 1993, l'officieux quotidien marocain Le Matin du Sahara: le préfet des Alpes-Maritimes, Maurice Joubert, plusieurs sommités intellectuelles françaises, dont le professeur Charles Debbasch, connu pour son engouement pour la collection Vasarely, le général-président Eyadéma du Togo, ainsi qu'une vingtaine de professeurs marocains, dûment acheminés à bord d'un avion royal en compagnie d'une équipe de la télévision nationale marocaine.
Visionnaire. L'exposé du prince héritier valait le déplacement: entre deux longues citations de... son père, Sidi Mohammed réussit à glisser son parti pris épistémologique consistant à «écarter d'emblée l'étude des relations bilatérales pays de la CEE-pays du Maghreb». Deux ans et demi plus tard, on mesure la portée visionnaire de l'approche: si la CEE a simplement changé de nom, l'Union du Maghreb arabe (UMA), quant à elle, n'existe plus que sur le papier. Ses Etats membres,