Al Bir Lahlou, envoyé spécial
Dans ce désert où les contrastes s'épuisent en un camaïeu d'ocre, le «mur» se détache à peine sur la crête dominant, en face, une vaste dépression de sable et de cailloux. Dans ces immensités balayées par le vent, l'incongru ouvrage marocain au total long de 1.900 kilomètres n'en constitue pas moins une frontière de fait: entre le Sahara occidental «utile», les cinq sixièmes de l'ex-colonie espagnole occupés par le Maroc, et les arpents de poussière que le Polisario, le mouvement de libération nationale du peuple sahraoui, appelle les «zones libérées». Depuis 1991, après seize années de guerre, on ne s'y bat plus. Mais, à la fin du mois, les Nations unies devront entériner l'échec de leur tentative d'y organiser un référendum d'auto-détermination. Dès lors, les hostilités reprendront-elles dans ces confins oubliés du Maroc, de l'Algérie et de la Mauritanie?
Sur le «front», côté sahraoui, les combattants se montrent déterminés. «On reprend les armes et on s'adresse au Maroc», affirme le colonel Abdelhaï, chef d'un détachement prépositionné au nord d'Al Bir Lahlou, tout proche du mur. «Nous avons combattu vingt ans et nous sommes prêts à combattre vingt années supplémentaires», renchérit Brahim Hassana, le commandant d'une unité mécanisée à Akchach, environ 400 kilomètres au sud-ouest de Tindouf. Et de faire virevolter dans les sables ses chars de fabrication soviétique, des BMP1, dont chacun pèse 13 tonnes, et qui ont été «rétrocédés» au Poli