En gentlemen qu'ils sont tous les deux, Nelson Mandela et Frederik De Klerk, colauréats du prix Nobel de la paix, ont consommé leur divorce à l'amiable. Le président Mandela a regretté le départ de son vice-président, qui l'avait prévenu par téléphone quelques minutes avant sa déclaration publique, jeudi. Comme à son habitude, Mandela a réagi «calmement et amicalement», sans discuter les mérites et les défauts de cette décision. Pour sa part, le chef du Parti national a souligné la capacité de l'ANC à gérer désormais les affaires du pays, et remercié le président pour leurs «excellentes relations de travail». En somme, une paisible rupture de cohabitation comme elle se pratique tous les jours dans les démocraties bien rodées. Pour un peu on oublierait que la transition démocratique sud-africaine n'est, elle, vieille que de deux ans.
C'est précisément la reconnaissance d'une maturité achevée dans un temps record que revendiquent aujourd'hui les chefs politiques de l'Afrique du Sud. Le vice-président a présenté en termes simples l'événement historique que représente, pour la première fois en quarante-huit ans, le départ du gouvernement de son parti, architecte déchu du régime d'apartheid. Le Parti national, a expliqué Frederik De Klerk, servira plus utilement les intérêts du pays en constituant une opposition «forte et vigoureuse» qu'en continuant à siéger au sein du gouvernement d'union nationale jusqu'aux élections de 1999. A force de voir le couple en noir et blanc, Mandela-