La République dominicaine, qui se partage avec Haïti le territoire
de l'île d'Hispaniola, entre Cuba et Porto Rico, tourne aujourd'hui la page d'un règne de plus de trente ans: le très conservateur Joaquin Balaguer, 89 ans, a renoncé à briguer une nouvelle présidence, après six mandats dont quatre successifs. Si l'on se fie aux sondages, c'est le social-démocrate Francisco Pena Gomez, un Noir de 59 ans, docteur en droit et diplômé de la Sorbonne, qui devrait l'emporter. Mais les sondages sont-ils fiables? A les croire, Gomez aurait déjà dû ceindre l'écharpe il y a deux ans. Tout comme il y a six ans un autre vieillard, le professeur Juan Bosch. Cet éphémère président du début des années 60, très vite renversé par l'armée pour cause de sympathies castristes, avait ensuite été évincé en 1965 par Balaguer, lors d'un scrutin très influencé par les Etats-Unis militairement présents, avant d'être une nouvelle fois défait par son rival en 1990, bien qu'on lui eût prédit un triomphe sans bavures.
Le problème des sondages en République dominicaine, c'est qu'ils sont fortement corrigés par la fraude électorale. La correction fut si flagrante en 1994 que, pour éviter une guerre civile, Balaguer, auto proclamé vainqueur avec 1% de voix d'avance sur Francisco Pena Gomez, accepta, sur pression internationale, de mettre un terme anticipé à son ultime mandat, et jura de ne plus se représenter. Et la réforme électorale négociée avec son adversaire malheureux prévoit désormais un scrutin à deu