Moscou, de notre correspondant
Le calcul est osé, sa marge de manoeuvre étroite. Mais il ne sera pas dit que Boris Eltsine manque de détermination. Ni de moyens. Face à un Parti communiste dopé par les sondages, le président sortant joue son second mandat sur une idée simple, matraquée sans répit par la machine électorale du Kremlin: «candidat du moindre mal». Et, s'il ne demande pas aux Russes une adhésion peu compatible avec sa popularité toujours flageolante à tout juste un mois du scrutin, du moins aura-t-il su s'imposer dans sa campagne comme l'unique rempart contre un retour aux excès du passé. Au détriment des démocrates libéraux, grands perdants de cette polarisation savemment orchestrée.
Car il était de l'intérêt bien compris des communistes autant que du pouvoir de se donner la réplique, excluant de leur joute au sommet toute «troisième force». Les nostalgiques de l'URSS, laissés-pour-compte des réformes économiques, forment un bloc stable de quelque 25 millions d'électeurs. Noyau dur de 35% qui assure à leur candidat, Guennadi Ziouganov, une place de favori pour le second tour de la présidentielle. Mais, pour l'emporter, le ténor communiste se doit d'élargir son audience. Un tête-à-tête avec Boris Eltsine pourrait lui valoir la faveur des très nombreux déçus de la «démocratie», farouchement opposés au gouvernement et près à tout vote «utile» pour s'en défaire.
Face à des forces démocratiques ayant été tenues à l'écart des affaires, les communistes perdraient cet ava