Moscou,
de notre correspondant A tout juste un mois du scrutin présidentiel, trois «oukazes» viennent remettre un peu de baume aux coeurs des électeurs démocrates. Renouant subitement avec un libéralisme relégué au oubliettes depuis le début de la campagne, Boris Eltsine a signé une rafale de décrets dont le but essentiel semble de se réconcilier les grâces d'une intelligentsia et d'une jeunesse désabusées par son flirt par trop appuyé avec les thèses communistes. Ainsi, outre un engagement à transformer le rouble en devise pleinement convertible qui devrait plaire aux entrepreneurs, le chef de l'Etat proclame enfin un moratoire sur les exécutions de condamnés à mort et s'engage à ne plus envoyer les conscrits se faire tuer «dans les zones de conflit» en attendant, d'ici quatre ans, le passage à une armée «d'engagés volontaires».
Le geste vient, certes, tardivement. Et les sceptiques remarqueront que le Président n'est jamais en manque de promesses rarement suivies d'effets. Mais Boris Eltsine ne cherche qu'à donner quelque crédit à son principal argument de campagne selon lequel sa victoire serait «un moindre mal» au regard d'un succès des nostalgiques de l'URSS. Loin de lui l'illusion de regagner la confiance perdue des démocrates. En revanche, dès lors qu'il s'est à peu près assuré une place au second tour en interdisant l'émergence d'une candidature libérale alternative, le chef de l'Etat ne peut se permettre de perdre leurs voix. Un report massif des électeurs réformistes