Portant un coup d'arrêt probablement décisif à la multiplication récente des législations anti-gays dans différents Etats, la Cour suprême a annulé mardi une disposition particulièrement controversée de la Constitution du Colorado. Cette disposition dite amendement 2 avait été adoptée par référendum en marge de l'élection présidentielle de 1992. Elle prohibait dans cet Etat toute forme de protection spécifique accordée à des individus en raison de «leurs orientations homosexuelles ou bisexuelles». Ce texte adopté par 53% des voix contre 47% avait fait du Colorado le symbole du retour de balancier qui traverse depuis peu les Etats-Unis: il rendait impossible, en particulier, la mise en place de garanties légales visant spécifiquement à protéger les gays, victimes, par exemple, d'exclusions dans le travail ou se heurtant à des difficultés particulières dans la recherche de logement.
Combattu violemment par les mouvements gay, qui lui reprochaient d'exploiter l'homophobie de fractions importantes de l'électorat, l'amendement 2 était présenté par ses défenseurs comme visant seulement, au nom des «valeurs familiales», à promouvoir «l'égalité des droits» entre hétérosexuels et homosexuels en faisant en sorte que ceux-ci ne bénéficient pas de protections légales spécifiques en raison de leur «comportement sexuel».
En annulant l'amendement, la Cour suprême a estimé que cet argument ne tenait pas la route: non seulement, observe-t-elle, les protections introduites au cour