A peine élu, en septembre 1993, le président Ange Félix Patassé a
nommé par décret douze de ses amis d'exil «conseillers spéciaux», avec statut et émoluments correspondant à cette haute fonction. Un ancien RMIste et un ancien veilleur de nuit, tous deux ex-représentants de son parti à Paris, ont également été intégrés dans son cabinet. Ils possèdent aujourd'hui plusieurs villas à Bangui. Lorsque, un an après l'arrivée au pouvoir d'Ange Félix Patassé, son propre parti a exigé un remaniement ministériel, il s'est référé à l'équipe en place comme «gouvernement de soûlards». L'exemple vient du haut, de la part d'un président constamment en quête de fonds secrets et d'intermédiaires financiers, souvent véreux. Depuis deux ans et demi, bien qu'issu d'élections régulières, le régime d'Ange Félix Patassé s'est distingué par un niveau de corruption et de rapacité telles qu'il a perdu toute sympathie au niveau de la population. Mais la France, aux premières loges dans une ancienne colonie où elle entretient deux bases militaires, n'a pas réagi. Puisque le président selon le pléonasme désormais consacré est «démocratiquement élu»...
Il y eut d'abord la fin du dernier septennat de François Mitterrand, puis les élections en France et le changement de locataire à l'Elysée. Ce n'est, en fait, qu'en septembre dernier que la nouvelle «équipe africaine» à Paris a pris les choses en main. Le moment était opportun. En rupture avec le Fonds monétaire international (FMI) et, partant, avec to