L'Etat espagnol devra finalement indemniser les victimes de
l'intoxication à l'huile de colza frelatée, cette gigantesque fraude alimentaire qui avait fait, il y a quinze ans, des centaines de morts et des milliers d'invalides. La justice a en effet condamné vendredi Manuel Hernandez Bolanos, directeur du laboratoire central des douanes espagnoles à l'époque des faits, à 800 francs d'amende pour «imprudence légère» dans les contrôles au moment de l'importation de l'huile maudite. Mais surtout, cette condamnation minimum du haut fonctionnaire oblige l'Etat à assumer la responsabilité civile subsidiaire, et donc à payer des milliards de francs à l'ensemble des victimes. Six autres anciens fonctionnaires ont été acquittés.
En 1981, des trafiquants véreux importent, traitent et commercialisent sur les marchés, de l'huile destinée à l'usage industriel. «L'épidémie» fait des ravages: altérations graves du système nerveux, déformations osseuses, perte de la vue, anémie... Bilan: 4.000 invalides, 20.000 personnes affectées plus ou moins durablement et 1.200 morts selon les associations des victimes. L'Etat, lui ne comptabilisera que 438 morts. En 1989, les deux principaux trafiquants sont condamnés à douze et vingt ans de prison. Mais ils sont évidemment insolvables pour régler les dommages et intérêts: 600 milliards de pesetas (25 milliards de francs), environ 2% du budget de l'Etat.
Les avocats ouvrent alors un deuxième front, accusant l'administration de négligence. C'est ce deux