Grozny, envoyé spécial
Ce n'est rien de dire que les officiers supérieurs russes sont furieux. A la veille de la rencontre prévue aujourd'hui au Kremlin entre le président Boris Eltsine et son homologue indépendantiste Zelimkhan Iandarbiev, le patron du corps expéditionnaire en Tchétchénie peine à cacher son humeur. «Ces messieurs les bandits» vont être «reçus à Moscou», enrage le général Viatcheslav Tikhomirov. Et de s'affairer de plus belle dans son poste de commandement, sur l'aéroport de Grozny, pour mettre au point une nouvelle offensive sur les montagnes du sud. Depuis vendredi, de longues colonnes de blindés, des renforts en troupes et en artillerie progressent vers la région de Vedeno dans le but avoué d'anéantir les combattants du très populaire chef rebelle Chamil Bassaïev. Zèle guerrier assez suspect puisqu'il est prévu qu'à l'issue de leurs entretiens, les deux parties au conflit proclament un cessez-le-feu sur tout le territoire de la république sécessionniste, prélude à des pourparlers de paix.
«L'armée n'a rien contre ces négociations, souligne benoîtement le général Vladimir Chamanov, adjoint du commandant en chef, mais nous ne sommes pas favorables à l'idée de mélanger la mission des hommes politiques et celle des militaires. Chacun de nous a sa mission. Les opérations des troupes fédérales pour nettoyer les villages des groupes de bandits seront poursuivies jusqu'au bout.» Il a d'ailleurs reçu le soutien explicite du ministre de la Défense, chaud partisan de