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Libération

La disgrâce programmée d'Ange Patassé«Sauvé» par Paris, le président centrafricain risque de se voir dépouillé de son pouvoir.

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publié le 28 mai 1996 à 5h03

Bangui, envoyé spécial

Jeune vétérinaire, déjà le verbe haut et l'ambition grande, Ange-Félix Patassé avait l'habitude de rejoindre, le soir sur la terrasse et à la lampe tempête, l'administrateur colonial du cercle de Paoua, sa ville natale, dans le nord de l'ancienne colonie Oubangui-Chari, non loin de l'actuelle frontière avec le Tchad. «Il était intelligent mais très véhément, toujours en train de vitupérer contre la France», se souvient celui qui, par la suite, est devenu ambassadeur de France. Pour sa part, Ange-Félix Patassé, à travers une carrière mouvementée, n'est jamais sorti de cette contradiction: celle de rechercher la proximité de la puissance tutélaire pour mieux la pourfendre tout en briguant son soutien.

L'inspecteur agricole, né le 25 janvier 1937, doit son ascension politique entièrement à Jean-Bedel Bokassa qui, entre 1966 et 1976, lui a confié divers postes ministériels avant de le nommer Premier ministre à l'apogée de son règne. Tout à la dévotion de «Papa Bok» déjà maréchal et Président à vie, Ange-Félix Patassé succède en septembre 1976 à madame Elisabeth Domicien, qui, prudemment, avait émis des réserves sur l'opportunité de proclamer l'Empire centrafricain. Sans état d'âme, le nouveau Premier ministre gère dès lors les préparatifs du sacre et dépense un bon quart du budget annuel du pays pour que l'ancien sous-lieutenant de la Coloniale devienne, dans les fastes, le 4 décembre 1977, Bokassa Ier. Ce n'est qu'en juillet 1978 qu'Ange-Félix Patassé, tomb