Madrid, de notre correspondant
Il est 1h30 du matin, le 16 octobre 1983. José Antonio Lasa et José Ignacio Zabala traversent la rue des Tonneliers, à Bayonne, où ils sont réfugiés depuis quelques mois. Quatre hommes, qui les filent depuis l'après-midi, les abordent, les assomment et les fourrent dans le coffre d'une R12 immatriculée à San Sebastian. Ce sont les premières victimes du GAL, le Groupe antiterroriste de libération, responsable, dans les quatre ans qui vont suivre, d'une «guerre sale» contre l'ETA.
Grâce à plusieurs témoignages récents et concordants, la justice espagnole accuse aujourd'hui des membres de la garde civile de l'enlèvement, de la torture et de l'assassinat de Lasa et Zabala. Parmi les militaires impliqués, le général Galindo, ancien chef de la caserne de San Sebastian, écroué la semaine dernière et formellement inculpé lundi (Libération d'hier). Les auditions des policiers inculpés permettent de retracer leur macabre expédition.
La R12 file vers la frontière, puis vers San Sebastian. A son bord, notamment, le sergent Enrique Dorado, «Quique», ou encore «le Sadique», et son subordonné le caporal Felipe Bayo. Deux membres décorés du service de renseignement de la garde civile, affectés à la caserne d'Intxaurrondo, centre névralgique de la lutte antiterroriste, dans un quartier excentré de San Sebastian.
Homme de confiance. A la même heure, une autre voiture roule vers San Sebastian: la Ford blindée de Julen Elgorriaga, le gouverneur civil (préfet) de Guipu