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Libération

L'autre campagne tchétchène de Eltsine. Après la signature du cessez-le-feu, visite très politique du président-candidat à Grozny.

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publié le 29 mai 1996 à 5h01

Moscou, de notre correspondant

Boris Eltsine se sent pousser des ailes. Dopé par sa rencontre avec le chef de la rébellion tchétchène Zelimkhan Iandarbiev, lundi au Kremlin, le président russe s'est envolé hier pour une visite surprise à Grozny. Une tournée électorale éclair visant à engranger au plus vite les dividendes du cessez-le-feu signé la veille. «Je suis venu apporter la paix sur la terre de Tchétchénie», a déclaré le chef de l'État aux soldats de la 205 division motorisée stationnés dans leur camp retranché de l'aéroport, principale base des forces fédérales dans la république sécessionniste. «Grâce à votre héroïsme, à votre courage, la résistance a été pratiquement anéantie. La voie est ouverte pour le rétablissement de l'ordre constitutionnel. Toute la Tchétchénie, toute la Russie attendaient ce dénouement depuis longtemps.»

Allant rapidement en besogne, Boris Eltsine a également annoncé son intention de publier d'ici le 1er juin un décret de statut prévoyant «un maximum d'autonomie» pour la petite république du Caucase. Puis, si cette proposition «reçoit le soutien de la population», elle devrait être signée officiellement «dans les tout premiers jours de juillet», entre les deux tours de l'élection présidentielle russe. Le chef de l'État s'avance là sur un terrain plus que glissant. D'un commun accord avec le gouvernement fédéral, les rebelles avaient décidé de mettre de côté la question du futur constitutionnel de la Tchétchénie pour donner une véritable chance