Menu
Libération

Retour à la «normale» à Bangui. L'opposition reprend position dans la capitale centrafricaine.

Article réservé aux abonnés
publié le 29 mai 1996 à 5h00

Bangui, envoyé spécial

Lendemain de rébellion dans la capitale centrafricaine: hier, alors que l'armée française a «récupéré» dans divers quartiers les derniers mutins isolés pour les «raccompagner» dans le camp Kassaï, leur sanctuaire à l'est de Bangui, les habitants ont envahi par milliers le centre-ville, la plupart à pied, d'autres en Mobylette ou en taxi, qui pour retrouver son lieu de travail, qui pour faire le marché après dix jours d'insécurité, tous pour constater l'ampleur des dégâts. Ceux-ci, pour être considérables, ne sont pas aussi apocalyptiques que les premières descriptions ont pu le faire croire. Certes, les grandes usines et entrepôts ont été pillés et beaucoup de magasins saccagés, mais, dans le voisinage d'un restaurant et d'un hôtel calciné, un salon de coiffure, une pâtisserie libanaise et le commerce des frères Dias, installés ici depuis des générations, sont intacts. Rarement plus qu'hier, des gardiens fidèles au poste, armés de gourdins ou d'arcs et de flèches, ont eu droit, de la part de leur «patron», à de si chaleureuses accolades...

Téméraires mais pas fous, les agents de l'État ont également attendu jusqu'à hier matin pour regagner la rue en uniforme. Rappelant qu'il n'y a pas moins de 1.200 policiers en Centrafrique, un beau minibus de la police municipale a ainsi déposé au grand carrefour des gardiens de la paix, dont l'un s'est même avisé ­imprudemment­ à verbaliser un conducteur pour «excès de vitesse». L'affaire s'est soldée par une rixe sur