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Libération

Au Tchad, Idriss Déby attend la caution des urnes. Quinze candidats, dont le général qui prit le pouvoir en 90, se présentent à cette première présidentielle.

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publié le 1er juin 1996 à 7h29

N'Djamena, envoyé spécial

Pour la première fois dans son histoire indépendante, le Tchad, depuis trente ans déchiré entre «seigneurs de la guerre», organise ce dimanche une élection présidentielle pluraliste. Trois fois reporté, le scrutin oppose quinze candidats, dont le général Idriss Déby, qui a pris le pouvoir par les armes en décembre 1990. L'organisation du vote est une prouesse logistique, surtout en ce début de la saison des pluies, dans un pays deux fois et demi grand comme la France et dépourvu de tout. Mais l'élection, dont le second tour est programmé pour le 16 juin, est aussi une gageure politique. Comment, en effet, déloger un président quand le pouvoir est toujours au bout du fusil? Entré victorieux à N'Djaména en décembre 1990, Idriss Déby a promis de s'éclipser «avec élégance» en cas de défaite électorale. Mais la réforme de l'armée tchadienne, entreprise par la France, a échoué. Aujourd'hui comme hier, les «combattants» n'obéissent qu'à lui.

Quatorze challengers rêvent de blackbouler Idriss Déby. En l'absence de sondages et d'antécédents électoraux, une combinaison mettant en jeu l'origine ethnique, l'appartenance religieuse et les fonds mobilisés désigne comme favoris deux hommes du Nord et deux du Sud. Pour la partie septentrionale - les neuf dixièmes du pays au nord du fleuve Chari -, il s'agit du président sortant, un Zaghawa musulman du nord-est, ainsi que de Lol Mahamat Choua, éphémère chef de l'Etat en 1979 et, depuis, maire de N'Djaména et président