Jérusalem, 30 mai 1996. Ce matin, Israël s'est réveillé et a compris, pour le meilleur comme pour le pire, de quoi il est fait. A l'heure où j'écris ces lignes, les résultats définitifs de cette élection ne sont pas encore connus. Mais, même ainsi, une chose est désormais claire: après trois années au cours desquelles Rabin et Pérès ont tenté de guider Israël vers un avenir différent, vers une ère de paix, il se révèle que la «tête» fonçait mais que le corps restait planté, les talons profondément enfoncés dans le sol.
B. Pendant un moment particulier de son existence, Yitzhak Rabin a regardé deux pas plus loin, a décidé qu'Israël était assez fort pour prendre un certain risque et a serré la main d'Arafat. Rabin regardait plus loin. Et il a vu que la poursuite de l'occupation et les guerres rongeraient Israël de l'intérieur. Il a pensé que le moment était venu d'instaurer un changement et a espéré que la majorité de la société israélienne était mûre pour cela et qu'elle lui accorderait son soutien.
Ce que Rabin n'a pas vu, c'est ce qui se déroulait à un pas derrière lui. La violence et la haine, la brutalité et le meurtre, qui s'étaient mués en instruments principaux d'échange entre Israël et ses voisins, s'étaient déjà incrustés au plus profond de la trame de notre vie.
Ce matin, si les prévisions annonçant la victoire de la droite s'avéraient, on serait en droit de penser que cette analyse que Rabin a proposée à la société israélienne est san