Ce serait sur un de ces sentiers de montagne qu'ils connaissaient si bien, à quelques lacets seulement du monastère de Tibehirine, que les corps de sept trappistes auraient été découverts. Dépouilles exposées plus qu'abandonnés, déposées là pour être vues, pour que quelqu'un bute dessus. Il y a deux mois, c'est déjà sur une de ces mêmes pentes qu'un villageois avait trouvé au lendemain de l'enlèvement, une coule blanche, cet habit à capuche, symbole de l'engagement monastique, laissée par on ne sait trop qui, comme un message dans la poussière.
Vendredi matin, Mgr Teissier, évêque d'Alger, a demandé que, selon leur voeu, les sept moines soient enterrés ensemble dans le cimetière de Tibehirine. Certains y avaient vécu plus de 50 ans et tous avaient choisi de ne pas le quitter. «Nous voulons que Tibehirine devienne le symbole de notre conception d'une existence sans frontière, où nous sommes tous frères de l'humanité», a poursuivi Mgr Teissier. En dehors de la petite communauté chrétienne, c'est le silence. Le gouvernement de Liamine Zeroual n'est toujours pas sorti du cadre formel et lapidaire de l'annonce faite jeudi sur la découverte des corps. Si celle-ci précisait que «les coupables seraient très sévèrement châties», aucun élément n'est encore rendu public sur l'avancée de l'enquête, d'éventuelles arrestations, la possibilité d'une autopsie ou même la date exacte de la triste trouvaille. Entre le choc de la nouvelle et le silence qui l'a suivie, les rumeurs ont bien sûr f