N'Djaména, envoyé spécial
Sur le fronton crénelé, «maison d'arrêt» est écrit en lettres bleues, jaunes et rouges, les couleurs nationales tchadiennes. Dans la petite cour d'entrée, un homme aux grosses lunettes d'écaille, vêtu d'une simple gandoura blanche, est surpris. «Je ne m'attendais pas à un visiteur étranger, rit-il de bon coeur, moi qui ne peux même pas aller voter.» Sudiste massif, ancien champion du Tchad du mi-fond et du lancer de javelot, plusieurs fois ministre sous différents régimes depuis vingt ans, puis Premier ministre de la «transition démocratique», Nouradine Kassiré Coumakoye, 47 ans, est en prison depuis trois mois. En principe, il en sort aujourd'hui, au lendemain de l'élection présidentielle à laquelle il est candidat comme challenger du général-président Idriss Déby, qui l'a limogé avant de l'emprisonner...
«C'est un complot, assure-t-il. Cinq fois, Idriss m'a demandé de ne pas me présenter et de le soutenir. Il a peur de moi.» Kassiré Coumakoye n'est pas la modestie incarnée. D'un revers de main, il balaye les treize autres challengers de l'actuel chef de l'Etat qui, contrairement à lui, n'ont pas mené campagne depuis une cellule de prison. «Ils ne pèsent pas lourd, prétend-il. Moi, je serai présent au second tour, face à Déby.» En attendant, c'est déjà un miracle qu'il soit entré en lice, du fond de sa prison. «Mon dossier de candidature est sorti d'ici grâce à un codétenu, révèle-t-il, alors que j'étais interdit de visite jusqu'au 10 mai et que je