Moscou,
de notre correspondant Evincé, Anatoli Sobtchak, maire réputé indéboulonnable de Saint-Pétersbourg. Les électeurs de la «Venise du Nord» lui ont préféré un quasi-inconnu, Vladimir Yakovlev, que les sondages négligeaient au début de la campagne. Un score sans appel à en croire les 98% de bulletins dépouillés hier qui indiquaient un retard de deux points, mathématiquement fatal à Sobtchak.
Cette défaite donne des frissons aux analystes jusqu'au Kremlin. Car c'est sur leurs conseils, et avec l'appui ouvert de Boris Eltsine, que le scrutin pétersbourgeois avait été avancé à ce dimanche. Le chef de l'Etat, certain du succès de son poulain à deux semaines du premier tour de la présidentielle, voyait dans cette victoire donnée pour assurée une excellente opération de prestige dans sa course délicate à un second mandat.
Anatoli Sobtchak, qui n'a jamais marchandé son soutien à Eltsine, avait bâti sa stratégie sur une association de son bilan à celui du chef de l'Etat, cité à tous propos. «Le Président m'a téléphoné pour me féliciter de ma victoire et pour m'exprimer sa conviction que je l'emporterai la semaine prochaine, proclamait-il à l'issue du premier tour où il arrivait en tête avec 29% des suffrages. Boris Eltsine m'a maintes fois appuyé, en public et en privé. J'aborde donc le second tour avec décontraction.» Dépeignant Yakovlev comme «un dirigeant sans couleur pouvant s'allier avec les communistes», Anatoli Sobtchak réduisait cette candidature à «une action directement