La France estime ne pas pouvoir «sauver les Burundais d'eux-mêmes».
Hier matin, suite à une décision prise fin mai, les derniers coopérants militaires français sont rentrés de «l'autre pays des Hutus et des Tutsis», de la même composition ethnique avec une majorité hutue de l'ordre de 85% que le Rwanda voisin. «Nous ne culpabilisons pas, affirme un haut responsable à Paris. Ce que les Burundais ne veulent pas faire, l'extérieur ne pourra pas le faire à leur place. Au demeurant, l'avenir de la destinée africaine de la France ne se joue pas sur les rives du lac Tanganyka.» L'abandon du Burundi est ainsi motivé à la fois par un recentrage de la politique africaine sur le champ réduit des anciennes colonies françaises, comme l'illustre l'intervention concomitante en Centrafrique, et par le constat d'une inexorable dégradation de la situation au Burundi où, selon un rapport confidentiel des Nations unies, «plusieurs milliers de personnes sont massacrées chaque mois».
«Purification» ethnique. Le constat de la descente aux enfers du Burundi ne se discute pas. Depuis la tentative de putsch de l'armée à majorité tutsie qui, le 21 octobre 1993, a coûté la vie à Melchior Ndadaye, le premier président démocratiquement élu depuis l'indépendance de l'ex-colonie belge et, de surcroît, le premier Hutu à avoir accédé à la magistrature suprême, le Burundi vit une reconquête du pouvoir qualifiée de «coup d'Etat rampant» par le chercheur Filip Reyntjens. Elu dans les mêmes proportions que Nel